La culture bio de l’olivier

Cultiver en bio son ou ses oliviers, c’est possible. Mais il faut respecter quelques règles :

  • tout d’abord, et ça parait logique, on apporte aux arbres des engrais organiques   (à base de fumiers de poule, de moutons, de cheval ou de compost ou de tourteaux végétaux) et des intrants biologiques (cuivre, argile…)
  • choisir des variétés adaptées au terroir, au climat, au terrain : éviter les terrains humides, ombragés, acides, abritant la verticilliose….
  • on ne travaille plus le sol, on laisse l’herbe pousser, pour maintenir le sol, apporter de la matière organique et attirer des insectes dans les fleurs
  • on nourrit le sol de façon optimale pour les arbres, en apportant tous les ans du compost (10 à 20 T/ha ou 40 kg/arbre), en broyant le bois de taille sur place, en alimentant les arbres avec du fumier de poules ou des granulés enrichis en azote et en potasse
  • ne pas négliger les oligo-éléments, l’olivier a besoin de fer, de bore, de zinc.

Olivarbo CG - Olivaie de la PierrediteBio ne veut pas dire « sans traitements ni engrais » ! Un olivier sans nourriture ne mourra pas, mais il va produire de moins en moins. Il existe également des traitements bios, pour limiter les maladies et les ravageurs et garantir une bonne santé des arbres et une qualité des produits obtenus.

En culture bio, on peut aussi arroser les oliviers et garantir une bonne production d’olives.

Si vous êtes certifiés en bio, toutes vos interventions doivent être notées et justifiées, et contrôlées.

Souvent, le plus compliqué en oléiculture biologique, est l’entretien du sol. En laissant enherbés les sols, même au niveau du rang d’oliviers, on respecte le référentiel de l’agriculture biologique, le sol, les insectes, mais on ne peut plus avancer dans les vergers ! Dans l’interang, on peut passer un broyeur. Mais entre les arbres, c’est plus compliqué, surtout si le verger est irrigué. Plusieurs solutions : enterrer les tuyaux d’irrigation et passer un broyeur satellite qui se déporte à chaque arbre, ou surélever les tuyaux et passer des disques qui se déportent, ou passer une débrousailleuse au pied des arbres avant la récolte pour avoir un sol propre pour réceptionner les olives dans les filets. A chacun sa solution selon ses moyens et son sol !

La dégustation des huiles d’olive : les différents fruités

moulinprsiteL’huile d’olive se déguste de la même façon qu’un vin : d’abord au nez puis en bouche.

A savoir : l’huile d’olive se déguste à 27°C, dans des verres bleus car, contrairement aux vins, la couleur et l’onctuosité ne sont pas des critères de dégustation !

On commence donc par sentir l’huile, les arômes qui s’en dégagent, les notes de verdure ou de fruits ou de sous-bois….

Puis on goutte : comme pour le vin, on aère l’huile dès qu’elle est en bouche pour les arômes volatiles. Puis on crache l’huile pour noter les arrières-gouts et la longueur en bouche des arômes.

Les huiles d’olives peuvent avoir différents arômes, classés en 3 grandes catégories :

– les arômes de verdure (herbe, feuille, foin frais, artichaut cru, eucalyptus, figuier, menthe, basilic….) sont caractéristiques d’un fruité intense ou vert, associé souvent à du piquant et à de l’amertume.

– les arômes de fruits frais (pomme, banane, pamplemousse, poire, pêche, cerise…), de fruits secs (amande, noisette, noix…) ou de fleurs (rose, genêt, pissenlit…) sont contenus dans une huile de fruité subtil ou mûr, le piquant et l’amertume étant faibles dans ces huiles dites douces.

le fruité à l’ancienne, issu d’olives fermentées contrôlées, aura des arômes de pain au levain, cacao, fruits confits, sous-bois, vanille, pruneau….il n’y a plus de piquant et d’amertume dans ces huiles.

Chaque type d’huile sera associé à des plats pour en sublimer les arômes. Ainsi, les fruités verts saurondegustation=-enqueteexclusiv-pieges-a-touris-t donné de la fraicheur à un poisson en papillotte, aux pâtes, riz, plat de pois-chiches, ratatouille mais aussi sur des fraises ou avec du chocolat. Le fruité mûr sera associé à des desserts comme la glace à la vanille ou à l’amande, la pompe à huile, financiers ou un poisson maigre. Le fruité à l’ancienne accompagnera toutes les salades, vertes ou composées, endives ou artichaut crus ou cuits, ratatouille, piperade, tian.

!!!!   Bonne dégustation !!!!

La trituration des olives dans les moulins à huile

Une fois les olives récoltées, le moulin va les triturer pour extraire l’huile. Le processus est le même sur tous les moulins : les olives sont lavées et effeuillées, puis elles passent dans le broyeur et sont malaxées pendant environ 1h à froid. Cette étape est réduite en 1 seule dans les moulins traditionnels où une meule écrase et malaxe les olives en même temps.

moulinprsitePuis la pâte est centrifugée pour séparer la partie liquide (eau + huile) et le reste de l’olive (la pulpe, le noyau..). Dans un moulin traditionnel, la pâte est pressée pour extraire la partie liquide de la pâte. Enfin, l’huile passe dans un décanteur où l’eau est séparée de l’huile ou elle est récupérée à « la feuille », sorte de louche qui permet de ramassée l’huile qui flotte sur l’eau (quasiment plus aucun moulin effectue cette étape car elle prend beaucoup de temps, de main d’œuvre et l’huile s’oxyde au contact de l’air et perd ces propriétés de jus de fruits frais).

Dans les moulins modernes, la pâte et l’huile ne sont plus en contact avec l’air et ce procédé permet de garder les arômes et les qualités biologiques de l’huile intacts. C’est un pur jus de fruits frais qui est élaboré par les moulins pendant les 2 ou 3 mois que dure la trituration des olives.

Récolte et maturité des olives

Les olives sont mûres, il faut penser à la récolte. Mais c’est quoi des olives mûres ?

 Ce sont des olives qui ont un taux d’huile suffisant pour obtenir de l’huile mais pas que ! Selon la date de récolte et la variété des olives, on peut obtenir différents goûts que l’on appelle des fruités. Autant dire qu’une huile fruitée ne veut rien dire, elles sont toutes fruitées !! Trois grands types de fruité sont définis sur les olives françaises :

le fruité vert ou intense : comme son nom l’indique, il a des arômes de verdure et est ardent (c’est-à-dire piquant). Souvent l’amertume l’accompagne aussi. Ce fruité est obtenu par trituration d’olives tournantes, c’est-à-dire des olives qui commencent à devenir violettes, dans les 2 jours qui suivent la récolte. Le goût du fruit vert est ainsi préservé et on obtient dans l’huile, des arômes de feuilles, d’herbe fraiche, de feuille d’artichaut cru, de foin frais, basilic, menthe…mais aussi des arrières goûts de fruits comme la  pomme, la banane verte, l’amande, le pamplemousse….

le fruité mûr ou goût subtil est obtenu par trituration dans les 2 jours qui suivent la récolte d’olives noires. Les arômes sont moins intenses, plus subtils, avec des notes de fruits (pomme, banane, tomate, rose…), de fruits secs ou frais comme la noix, la noisette, l’amande, de fleurs, de beurre frais….Certaines variétés ne donnent que ce genre de fruité, même récoltées tournantes, c’est le cas de l’Olivière.

Célia Gratraud Olivarbo - Vide pallox au moulin de la voie domitienne à Beaucaire

le fruité noir ou goût à l’ancienne est obtenu par fermentation contrôlée d’olives noires ou tournantes, afin d’obtenir des arômes de fruits confits, de cacao, de pain au levain, d’olives noires confites, de sous-bois, de vanille, de propolis…. Les huiles ont perdu leur amertume et leur piquant, elles sont douces et restent longtemps en bouche. Elles accompagnent bien les salades.

 Enfin pour finir : ce n’est parce que vous attendez décembre pour récolter que vous aurez plus d’huile qu’en octobre ! Mais les arômes de l’huile obtenue seront différents !

La récolte des olives de table démarre

La récolte débute cette semaine pour les olives de table vertes : les Lucques et les Salonenques. Ces deux variétés en AOP sont mûres pour une récolte optimale.

IMG_1984Les conditions pour récolter des olives de table vertes :

  • avoir une coloration optimale pour la récolte
  • avoir le calibre nécessaire à un classement en AOP
  • n’avoir aucun dégâts de mouche ( < 2% de piqûres)
  • ne pas être abimée en surface, pas de déformation

Attention lors de la récolte : ces olives sont très fragiles et une marque faite par un ongle peut déclasser le fruit . Porter des gants évite d’abimer les olives.

Les olives doivent être apportées le soir même de la récolte au transformateur, pour garantir un bon produit final.

Il n’existe pas d’olives vertes en bio, car même si la production est bio, la transformation ne le sera pas, car la désamérisation se fait à la soude (non bio !).

la cécidomyie des écorces de l’olivier

On observe souvent des rameaux secs à l’automne sur les oliviers. Ce dessèchement peut avoir plusieurs origines mais il est souvent du à un insecte xylophage : la cécidomyie des écorces.

cecidomyie ecorceCet insecte pond à partir du mois d’août dans les petits rameaux, au niveau de blessures du bois (chute de feuilles, bois abimé par des frottements, des éclatements…). Les larves se développent sous l’écorce, en se nourrissant du bois juste au niveau des vaisseaux conducteurs, ce qui conduit à un dessèchement des rameaux. Au niveau de la présence des larves, on observe des éclats de bois sur une fente et en soulevant l’écorce avec l’ongle, on observe une dizaine de larves roses positionnées les unes à coté des autres. Ces larves sont très caractéristiques de l’insecte.

Une méthode facile et biologique de limiter l’effet de la cécidomyie est de couper les rameaux secs dès qu’ils apparaissent et de broyer ou bruler le rameau.

Les maladies sur les jeunes oliviers

Vos jeunes oliviers sont plantés, vous les arrosez régulièrement. Il faut maintenant surveiller leur développement. Pour cela, vous allez observer la sortie de petites feuilles bien vertes et bien tendres…..qui vont faire le bonheur d’une petite chenille !

pyraleLa pyrale du jasmin est un papillon blanc-beige dont la chenille adore les jeunes pousses de l’olivier. Les dégâts ainsi que la chenille sont bien caractéristiques : la chenille est verte, de la même couleur que la feuille d’olivier, et elle forme une dentelle de feuilles.

Un autre insecte qui s’attaque aux jeunes est un coléoptère, très noir, qui découpe les feuilles par les bordures. On le voit peu, car il vit la nuit sur les oliviers et redescend la journée au sol. On l’empêche de monter sur l’arbre en mettant de la glue sur le tronc (mais en protégeant avant le tronc avec un film) et le tuteur de l’arbre.

Sur les jeunes troncs, il faut se méfier des lapins ou autres rongeurs, qui grignotent l’écorce des oliviers et les freinent dans leur développement. Une petite protection en bas des troncs suffit pour éloigner les dents aiguisées des lapins !

Enfin, une maladie provenant d’un champignon du sol peut provoquer un dépérissement des jeunes arbres : la verticilliose. Les symptômes de dessèchement apparaissent entre la 2nde et la 8ème année après la plantation. Peu de solutions à cette maladie, sauf de limiter l’irrigation, la fertilisation et avant tout, éviter de planter dans des terrains hébergeant le champignon (fruitiers à noyaux, luzerne…).

Les insectes utiles pour l’olivier et leurs plantes refuges

P1000266_crL’olivier est un refuge pour beaucoup d’insectes, pas tous mauvais pour la production heureusement ! Certains sont même très utiles à la culture puisqu’ils enlèvent des ravageurs en les mangeant ou en les parasitant.

L’article en lien vous montre en images les principaux insectes retrouvés en verger d’olivier et qui sont utiles à la culture. Une affiche complète cet article en vous indiquant dans quelles plantes de la garrigue vous pouvez les retrouver.

Les oiseaux insectivores type mésanges sont également très utiles à certaines périodes de l’année pour prélever des ravageurs qui serviront de nourriture aux oisillons. Les chauve-souris se nourrissent aussi au crépuscule des insectes volants dans les vergers. Et n’oublions pas toute la faune du sol qui mange également des insectes qui tombent au sol.

L’irrigation des oliviers

L’olivier est un arbre bien adapté à la sécheresse, mais comme toute plante, il produira plus de fruits s’il a de l’eau en suffisance. L’eau est la base de la nutrition des plantes, elle est indispensable à la croissance, à la floraison, à la fructification et à l’élaboration de l’huile dans les fruits.

irrigation de l'olivierSi l’hiver est sec, il faut débuter l’irrigation dès la mi mars. En intervenant aussi tôt en saison, on augmente les chances de production. En effet, une fleur bien formée, bien hydratée donnera plus facilement un fruit qu’une fleur sèche ou qui ne s’ouvre pas et sèche au stade bouton !

Il faut maintenir cette hydratation pendant toute la présence des fleurs et pendant la nouaison  (formation du jeune fruit). Les quantités sont variables selon la taille des arbres, le type de sol et l’état de sécheresse mais en moyenne entre 50 et 80 L /arbre / semaine en ce début de saison.

L’irrigation peut être faite par goutte-à-goutte, aérien ou enterré, par micro-aspersion, mais également par inondation ou à la raie ou au canon. Chaque technique a ses avantages et ses inconvénients, mais quand vous prévoyez un système d’arrosage, réfléchissez bien à tous les paramètres : pente, distances, filtration, puissance des pompes, débit, ressource en eau, consommation d’eau, d’électricité, passage de sangliers, de tracteurs ou d’outils d’entretien du sol….

La fertirrigation peut aussi être appliquée sur l’olivier, comme sur les autres arbres fruitiers. Elle consiste en un mélange eau + fertilisants. L’apport d’engrais liquide a lieu au niveau de la pompe d’irrigation et est diffusée au niveau de chaque arbre et de chaque goutteur. Le fertilisant est ainsi apportée au plus près des racines de l’arbre. L’apport doit être effectué au début de l’irrigation, au printemps, comme pour un fertilisant apporté au sol.

La dalmaticose sur olives

Depuis quelques années, on voit se développer des taches sombres sur les fruits, à partir du mois de juillet ou août et jusqu’à la récolte. Cette maladie est appelée dalmaticose. Elle est provoquée par un champignon introduit par un insecte dans le fruit. Cet insecte, de la famille des cécidomyies, pond ses œufs dans une ponte de mouche de l’olive.

dalmaticoseLes symptômes sont très visibles sur les olives : des taches rondes, brunes à noires, sèches, bien délimitées et en dépression. En enlevant la partie brune, on peut parfois trouver dessous la larve rose caractéristique des cécidomyie.

Le développement de la maladie est très fortement liée à la population et aux dégâts de mouches de l’olive. Les vergers traités à l’argile sont souvent moins atteint par la dalmaticose que les vergers traités par des insecticides car la couche argileuse gêne la cécidomyie pour pondre, comme la mouche.

Les traitements au cuivre ont peu d’efficacité sur cette maladie, de même que les autres produits autorisés sur oliviers. En réduisant les piqûres de mouches, on réduit les dégâts de dalmaticose. Soyez vigilants en juin où la faible population de mouches peut quand même provoquer des dégâts de dalmaticose !

Dès que vous utilisez un produit même biologique, protégez-vous.